Le loup est un animal sauvage, ni ami ni ennemi de l’homme.
Il est beau par sa liberté et celle-ci doit être protégée.
Après des siècles d’acharnement ayant failli le faire disparaître en Europe, le loup a été sauvé in extremis par une protection légale. Depuis 1979, il est protégé au niveau européen par la Convention de Berne transcrite dans le droit français en 1989. Le loup est protégé en France par l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993 mis à jour le 23 avril 2007. Et le loup est inscrit dans les annexes II et IV de la directive Habitats Faune Flore de l’Union européenne (92/43/CEE), au titre d’espèce prioritaire.
Cela signifie que la France doit veiller à la conservation de l’espèce et de ses habitats.
Début décembre 2024, sous la pression des organisations agricoles et malgré les alertes des associations de protection de l’environnement, la Convention de Berne — à laquelle appartient l’Union européenne — a baissé le niveau de protection du loup, le passant de « strictement protégé » à « protégé ».
La population de loups en France a été estimée à 1 013 individus, a indiqué la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes jeudi 12 décembre 2024. Ce nombre est quasiment stable par rapport à celui publié en mai 2023 (1 003 loups) mais en baisse par rapport au correctif publié en septembre 2023 (1 104 loups).
À noter qu’à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, la méthode CMR (capture-marquage-recapture) sera la seule utilisée pour estimer la population de loups. Elle est réputée plus fiable car elle repose sur l’identification individuelle des loups par leur profil génétique. Jusqu’à présent, cette méthode était croisée avec une première estimation produite en fin d’hiver par le Réseau loup-lynx.
En conséquence, 192 loups pourront être abattus en 2025, conformément au plan loup qui fixe le plafond d’abattage à 19 % de la population lupine. En 2023, l’État avait autorisé l’abattage de 204 loups.
D’après la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre d’attaques de loups a augmenté de 4,6 % et le nombre d’animaux prédatés de 10,6 %, principalement dans les territoires où le loup vient d’arriver.
Le déclassement du loup…
Le 16 avril 2025, les Etats membres de l’Union européenne ont donné mandat au Conseil de l’UE pour déclasser le loup et le faire passer d’espèce “strictement protégée” à “espèce protégée”.
Simplification des “tirs de prélèvement”
“En passant d’un statut strictement protégé à protégé, on descend d’un cran. A terme, cela va simplifier les tirs de prélèvement”, explique Jean-Pierre Vigier, président de l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM). Les tirs de prélèvement, accordés sur dérogation par arrêté préfectoral, consistent en l’autorisation d’opérations menées afin d’abattre les loups, dans les limites fixées par l’arrêté du 21 février 2024, lui-même modifié par l’arrêté du 7 février 2025.
Ces loups se répartissent dans 180 zones de présences permanentes (ZPP), dont 9 considérées en sursis. Parmi ces ZPP, “157 sont classées “meute” – c’est-à-dire qu’on dénombre la présence d’un couple et leur progéniture, ou au moins de trois adultes – et 23 “non meute” (un ou deux loups fréquentant ces territoires, mais sans reproduction avérée).
Les Etats membres de la Convention de Berne avaient déjà voté, le 3 décembre 2024, en faveur d’un tel abaissement du niveau de protection du loup.
Une “stratégie coupable” selon Ferus, association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs. Aux côtés d’autres associations, Ferus a déposé un recours auprès de la Cour de Justice de l’Union européenne afin d’annuler ce qu’elle estime être un “recul environnemental”, comme l’indique un communiqué publié le 9 avril dernier.
De leur côté, les Etats membres de l’UE ont, le 16 avril dernier, donné mandat au Conseil de l’UE pour modifier la Directive habitats : le Parlement européen doit encore se prononcer en mai prochain sur un tel déclassement du loup.
Le protocole national de tir du loup en partie censuré par le Conseil d’État
Dans une décision du 18 avril, le Conseil d’État, saisi par plusieurs associations, valide l’arrêté interministériel du 21 février 2024 autorisant, sous conditions, les préfets à déroger à l’interdiction de tir du loup. Mais il annule le point 8 de l’instruction du 23 février qui permettait d’accorder des tirs de défense simple (TDS) aux éleveurs de bovins ayant subi une prédation dans les deux dernières années.
Eradiqué en France en 1937, il y a fait son retour naturel en 1992, quand un couple venu naturellement d’Italie, où il n’avait jamais disparu, a été observé dans le Mercantour (sud des Alpes). Depuis, avec des effectifs en hausse de 15 à 20 % par an, il a colonisé tout l’arc alpin, se sent chez lui dans le Massif central, les Pyrénées, les Vosges et en Lorraine, et a été vu en Charente-Maritime, en Normandie, dans le Finistère ou la Somme. En septembre 2023, la population nationale était estimée à 1 104 individus dans 55 départements, contre 430 en 2018.
En ce mois de mai 2024, la dernière estimation du nombre de loups présents en France est à 1 003 loups. Cette estimation fait état d’une baisse de la population de 9%, sachant qu’au mois de septembre 2023, la population lupine était estimée à 1 104 individus.
Discret et méfiant, le loup évite l’homme et s’éloigne en cas de rencontre. Entre 1999 et 2020, l’OFB a enregistré 3 880 interactions entre l’homme et le prédateur en France. « Seules 10 interactions étaient hostiles. Et à chaque fois, il s’est avéré que c’était dû au comportement de l’homme. (…) Il n’y a pas de psychose à avoir, » glisse Éric Hansen (Directeur Provence Alpes Cote d’Azur et Corse de l’Office Francais de la Biodiversité).
Un nouveau Plan National d’Actions (PNA) 2024-2029
L’une des principales évolutions de ce plan est le changement de « statut » du loup, que le gouvernement souhaite faire passer « d’espèce très protégée » à « espèce protégée ». En France, c’est le credo principal du «plan loup» pour 2024-2029, dont les grandes lignes ont été présentées en septembre et qui devrait être publié dans les jours prochains, selon le ministère de la Transition écologique. Celui-ci prévoit notamment une simplification des procédures de tir, une hausse du taux de «prélèvement» si l’évolution de la population lupine le permet (il est actuellement fixé à 19 %, autorisant la «destruction» de 209 loups en 2024, comme l’année précédente) et la possibilité pour les éleveurs d’utiliser du matériel de vision nocturne afin de repérer l’animal.